Nombre de messages : 45805 Age : 55 Localisation : Village plein de vignes Date d'inscription : 07/06/2005
Sujet: Sidi KABA Lun 8 Nov - 19:16
Extrait du Journal de Saône et Loire, édition du mardi 9 novembre https://c.lejsl.com/sport/2021/11/08/le-destin-brise-de-l-ex-louhannais-sidi-kaba
Le destin brisé de l’ex-Louhannais Sidi Kaba
Louhannais en 1988-89, le Malien Sidi Kaba est décédé le 28 octobre dernier à l’âge de 54 ans. Dans la misère et un quasi anonymat. Loin du destin promis à ce prodige formé au FC Nantes, marqué à vie par un accident de la route. Un documentaire lui est consacré ce mardi soir sur la chaîne l’Équipe.
Sidi Kaba a porté le maillot louhannais lors de la saison 1988-89 mais aura finalement très peu joué en raison de nombreuses blessures. Capture d’écran L’Equipe Enquête
« On pourrait presque le comparer au Kylian Mbappé de l’époque. Partout en France, on parlait tous de lui comme d’un phénomène. » Même près de quarante ans plus tard, Christian Larièpe n’a rien oublié de Sidi Kaba. L’ex-responsable du recrutement de Louhans-Cuiseaux est même toujours subjugué. Émerveillé par ce joueur malien au talent brut. Pur. Une perle rare de la formation nantaise qui, dès l’âge de 12 ans, faisait déjà la une des journaux télévisés.
« À Nantes, il avait dû jouer son premier match pro à 16-17 ans », se remémore l’ancien technicien louhannais. « C’était un peu le Laurent Roussey ou le Paganelli du FC Nantes. Il était promis à un très grand avenir. » Rescapé mais traumatisé
Un avenir radieux. Tout tracé. Puis fauché. En pleine course. Le 18 novembre 1984. Dans un accident de la route où deux de ses coéquipiers nantais, Seth Adonkor, le frère de Marcel Desailly, et Jean-Michel Labejof, trouvèrent la mort. Lui seul en réchappa. Un traumatisme pour le reste de sa carrière. De son existence même. « Après ça, il n’a plus jamais été le même », confie Christian Larièpe. Notamment à Louhans-Cuiseaux où il débarqua en 1988-89 sous les ordres de René Le Lamer, ancien de la maison canarie. « J’avais de très bonnes relations avec Nantes et on m’avait conseillé ce petit qu’ils ne conservaient pas », se souvient l’ex-entraîneur bressan. « On avait tenté le pari de le relancer », complète Larièpe, qui l’avait accueilli dans la cité bressane. « Je me souviens l’avoir installé avec sa concubine de l’époque dans un appartement sous les arcades. Le fait de changer de cadre lui donnait une forme d’espoir. » Un espoir malheureusement très vite déchu.
« Il a connu beaucoup de blessures musculaires et articulaires, il était toujours à l’arrêt. C’était dû à l’accident », retrace Christian Larièpe. Un corps meurtri et un esprit tourmenté aussi. « Déjà à cette époque, on sentait chez lui comme une forme de culpabilité. Il se demandait pourquoi lui avait survécu et pas les autres. Ça le rongeait », prolonge le formateur.
Selon les sites spécialisés, il ne joua qu’un seul match de D2 avec Louhans-Cuiseaux. Il tenta ensuite sa chance à Yutz (D3) et Bastia (D4), puis dû se résoudre à mettre fin à sa carrière à seulement 26 ans. « Il avait essayé de rebondir dans des clubs amateurs, mais il n’y avait plus la volonté. Plutôt un laisser-aller complet, et une dérive dans l’alcool », précise Larièpe. Le début d’une longue descente aux enfers, qui le conduira dans la misère et dans la rue. « Humainement, c’est douloureux de voir des garçons finir comme ça. On essaye d’intervenir mais on n’est pas au courant de tout », explique celui qui est aujourd’hui en charge du recrutement sur le continent africain pour les Girondins de Bordeaux et fait un parallèle avec d’autres cas semblables comme l’ex-Bordelais Joachim Fernandez ou l’ancien Forgeron Mamadi Kaba. « Dans le foot, on vit dans les paillettes, mais il faudrait peut-être faire quelque chose pour ce genre de joueur en détresse. »
Une détresse qui, pour Sidi Kaba, a pris fin le 28 octobre dernier à l’âge de 54 ans. « J’ai ressenti beaucoup de tristesse », confesse Christian Larièpe. « À Louhans, j’étais un peu le papa des joueurs. Ça me touche forcément. Il avait échappé à la mort de façon accidentelle, mais elle l’a rattrapé de manière peut-être encore plus dure. Je pense que ça a été une longue agonie. » Une longue agonie pour un destin hors du commun. Puis brisé. Celui du prodigieux Sidi Kaba.
Documentaire « Destins brisés » diffusé ce mardi soir sur la chaîne l’Équipe à 21h05.
Après l’accident, il n’a plus jamais été le même. On sentait chez lui une forme de culpabilité. Ça le rongeait. Christian Larièpe
Repères Sidi KABA
Né le 31 août 1967 à Bamako (Mali) ; décédé le 28 octobre 2021, à 54 ans